Description : Une vision des béatitudes selon les Évangiles.

Genèse de l’œuvre : Le Père Finet (co-fondateur des foyers de charité) a commandé ce tableau à Françoise.

Dimensions : 1 m × 130 cm.

Date : 1969 à 1975.

Technique : huile sur bois.

Commentaires issus d’entretiens avec l’artiste : Au centre, le Christ est traversé par des rayons marron : la croix. La croix du Christ est la plus belle démonstration des béatitudes. À gauche du Christ, la miséricorde tient ses deux enfants : le judaïsme qui a les yeux voilés et le christianisme qui a les yeux ouverts.

Méditation :

Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : 
« Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux ! 
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! 
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! 
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! 
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! 
Heureux les coeurs purs : ils verront Dieu ! 
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! 
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! 
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. 
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Mt 5, 1-12

Regardant alors ses disciples, Jésus dit : « Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous ! 
Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez ! 
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. 
Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

Lc 6, 20-23

Détails :

Texte de Jacques Bernard

Ceux qui pleurent

« Heureux les affligés, ils seront consolés » (Mt 5,5//Lc 6,21).
Luc préfère les mots « pleurer et rire » et il ajoute « maintenant ».
Pour les pauvres et ceux qui pleurent, la venue du Royaume est plénière dans la personne de Jésus qui inaugure le temps des Noces.
Il est l’Epoux et « quand l’Epoux est là on ne jeûne pas ». « On ne met pas le vin nouveau dans de vielles outres » (Lc 5,34-37).
Ceux qui pleurent sont consolés puisque, avec Lui, le péché qui avait amené la mort est pardonné.
Certes le malin qui a fait tomber l’homme « au commencement » quand l’homme était à l’image de Dieu (Gn 1,27) est encore à l’affût
et peut encore compromettre l’œuvre de Celui qui vient en restaurer l’harmonie.
Mais Jésus est aussi celui qui chasse les démons.

Jésus leur dit : « Est-ce que vous pouvez faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ces jours-là, ils jeûneront. » Et il dit pour eux une parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau ajouté, qui vient du neuf, ne s’accordera pas avec le vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues. Lc 5,34-37

Agneau

Dans le judaïsme apocalyptique au temps de Jésus on attendait que Dieu ouvre le ciel pour se révéler à nouveau (Is 63,19).
Dans le livre d’Hénoch, on attendait le retour du prophète Elie qui avait été si juste qu’il n’avait pas connu la mort (2 R 2).
Les membres de la communauté qui suivaient ce livre le représentaient comme un « agneau » et étaient eux-mêmes des « agneaux blancs ».
Dans l’apocalypse de Jean, Jésus est aussi représenté comme un « agneau » (Ap 5,6.7.8.12.13).
Mais il n’ouvre pas seulement le ciel comme pour le retour d’Elie, il mourra comme un agneau le vendredi saint, veille de la Pâque.
Dans l’icône il est traversé par le bois de la croix.

Les jeunes gens vinrent envelopper le corps, et ils l’emportèrent pour l’enterrer. Il se passa environ trois heures, puis sa femme entra sans savoir ce qui était arrivé. Pierre lui adressa la parole : « Dis-moi : le terrain, c’est bien à ce prix que vous l’avez cédé ? » Elle dit : « Oui, c’est ce prix-là. » Par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul cœur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Ac 5,6.7.8.12

Pauvres

« Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux » (Lc 6,20 //Mt 5,3).
Luc ajoute « vous », Matthieu ajoute « en esprit ».
Les « pauvres » sont ceux qui ne sont pas couverts par le droit ordinaire et dépendent donc de la caisse royale.
Ce sont les veuves, les orphelins et tous les exclus de la société.
Les sourds, les aveugles et les boiteux exclus du Temple à cause de leur infirmité.
Dans la nouvelle Alliance Jésus vient offrir le Royaume aux « pauvres ».
C’est Dieu lui-même qui sera leur roi.
Ils vont être heureux puisque c’est Dieu qui s’occupera d’eaux.
Ils sont de ce fait près du cœur du Christ et proches de l’Eucharistie qui sera leur nourriture.

Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Mt 11,4-5

Les affamés

Heureux ceux qui ont faim ils seront rassasiés (Lc 6,21//Mt 5,6).
Luc ajoute « vous » ; Mt ajoute « de justice ». La « justice » désigne « l’ajustement » à Dieu.
Chez Luc il s’agit des affamée de faim réelle. Ils vont être comblés.
Moïse, lors de la première alliance, avait obtenu que le ciel fasse tomber la manne pour nourrir le peuple au désert (Ex 16).
Jésus va leur offrir, avec sa Parole, le banquet des Noces où ils partageront le pain qu’il multiplie pour la foule (Mc 6.8) et l’eau changée en vin (Jn 2,6-12).
De sorte que les « affamés d’ajustement à Dieu » mentionnés pat Matthieu seront eux aussi comblés

Les cœurs purs

« Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu » (Mt 5,8; absent chez Lc).
La pureté dans la Bible c’est la condition du lien liturgique avec Dieu.
Les repas des membres de Qumran qui sont en permanente méditation de la Torah sont appelés des « puretés ».
Tout contact avec la magie, la mort ou les rites de vie, interfère avec le domaine de Dieu.
Il met en danger la santé du lien liturgique avec Lui. Il rend « impur » (Lv 11-16).
Avec Jésus, il n’y a plus aucune transgression du domaine de Dieu, puisque c’est Lui qui vient.
Le lien liturgique est fait par lui dans une proximité jamais atteinte, sans usurpation indue.
Ce sera un bonheur jamais atteint pour les cœurs purs qui accueillent sa venue comme le temps des Noces.

Vous éloignerez les enfants d’Israël de leurs impuretés, de peur qu’ils ne meurent à cause de leurs impuretés, s’ils souillent mon tabernacle qui est au milieu d’eux. Lv 15, 31

Les doux

« Heureux les doux ils recevront la terre en héritage » (Mt 5,4 ; absent chez Lc).
Si Jésus vient rétabli le temps des Noces, si en sa personne le Royaume est inauguré dans sa plénitude,
si la déchirure originelle est pardonnée, alors le monde entier est invité à y entrer.
Même si tout le monde n’accueille pas l’invitation aux Noces de Jésus, il ne peut plus y avoir de guerres ou d’ennemis.
Tous les hommes sont visités par Dieu en Jésus et en lui, tous sont pardonnés. On ne peut donc plus aimer les fidèles et haïr les autres.
Il n’y a plus comme à Qumran « les fils de lumière » et « les fils de ténèbres » ; tous sont appelés aux Noces même s’ils diffèrent encore l’invitation ou n’ont pas revêtu la robe nuptiale.
Le Royaume appartient donc aux « doux ».

Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Mt 5,39-45

Les méprisés

 Dans l’Évangile de Luc, Jésus dit : « Heureux êtes-vous si les hommes vous haïssent et vous frappent d’exclusion
et s’ils insultent et proscrivent votre nom comme infâme à cause du Fils de l’homme.
Réjouissez-vous ce jour-là et exultez, car votre récompense sera grande dans le ciel.
C’est bien de cette manière que leurs pères traitaient les prophètes. » (Lc 6,22s //Mt 5,11s)
Matthieu va remplacer les allusions à l’excommunication par « si l’on vous insulte, si l’on vous persécute. »
Il ajoute aussi : « vos devanciers » après « prophètes. »
Jésus connaissait les risques de sa prédication : S’il se permettait d’interpréter la Torah, il relativisait le rôle des scribes.
S’il donnait le pardon de son Père, il dépréciait l’apanage du Temple. Ses disciples devaient eux aussi mesurer ces risques.
Et pourtant le bonheur qu’il apportait témoignait assez de la restauration du monde pour qu’ils aient continué à le suive dans la foi.

Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu. Mt 23,37

Les miséricordieux

« Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7; absent chez Lc).
Jésus disait : « De la mesure dont tu mesures, tu seras mesuré » (Mt 7,2//Lc 6,36s).
Si tu utilises la mesure de miséricorde, Dieu usera pour toi de la mesure de miséricorde.
Et dans le Notre Père, on lit : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Mt 6,12).
Mais les chrétiens pourront dire aussi : Maintenant que le Christ a donné sa vie, il faut aussi pardonner parce qu’il a donné son pardon sur la croix.
Celui a qui il a été remis beaucoup doit aussi remettre ses dettes à celui qui lui doit (Mt 18,33).

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. » Lc 6,36-38

Les persécutés

« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9 ; absent de Lc).
Si dans l’annonce du Royaume tous les hommes sont pardonnés par Dieu de la cassure originelle et s’ils sont restitués « à son image », il n’y a plus de place pour la guerre.
Les disciples auront à porter partout cet Evangile et à être des artisans de paix.
Heureux sont-ils car ils vont porter le même nom que Jésus « fils de Dieu ».
Ils auront aussi comme lui à vivre la croix et déjà, du temps de Jésus, ils risqueront la condamnation dont Jésus est lui-même victime.
Ce sera le rôle principal des « apôtres », avec celui de porter l’eucharistie qui est elle-même le sacrement de la paix dont le ressuscité salue ses disciples après la Résurrection : « La paix soit avec vous ».

Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Jn 20, 19

Jésus

Jésus prend avec lui ses disciples et monte sur la montagne.
Ce passage, absent de l’Evangile de Marc, existe chez Matthieu (Mt 5, 1-12) et chez Luc (Lc 6,20-26) qui l’ont puisé à une source catéchétique très ancienne.
Jésus monte sur la montagne comme Moïse est monté au Sinaï et comme Elie est monté à l’Horeb (équivalent du Sinaï dans le Nord du pays).
Et, sur la montagne Jésus annonce la nouvelle Alliance.
La première, Alliance était toujours suivie de bénédictions et de malédictions (Dt 27 et 28).
Matthieu aura les annonces de bonheur et Luc aura à la fois les annonces de bonheur et de malheur.
Jésus se présente comme Elie ou Moïse accomplissant les annonces d’Isaïe 61, comme il l’a fait à la synagogue de Nazareth en Lc 4,17-30.

Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Tous lui rendaient témoignage ; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même. Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. » A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Lc 4, 16-28

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